La cuisine. mode de vie de l’ombre à la lumière
Publié aux éditions bruxelloises AAM. La cuisine. Mode de vie de l’ombre à la lumière, est un ouvrage aussi remarquable par ses dimensions maniables que par son contenu, relatant comment et pourquoi cette pièce est celle qui a le plus évolué dans l’habitat depuis le début du XXe siècle. 80 schémas, photos et publicités présentent des cuisines des différentes époques et de style variés, y compris futuristes.
Aucune pièce de l’habitation n’a autant évolué que la cuisine. L’histoire commence avec la salle commune, foyer et grand de cuisine pour faire de l’habitat populaire, et la cuisine-cave carrelet des demeures bourgeoises d’avant 1914. À Belle époque, période marquée par les progrès sociaux, économiques, technologiques et politiques, principalement en France, et s’étendant de la fin du XIXe siècle au début de la Première Guerre mondiale, la cuisine de la maison est-elle installée en sous-sol et reliée aux étages par l’escalier de service et le monte-plats. Après le conflit, la ménagère promue collaborateur scientifique opère dans une cuisine-laboratoire faite d’éléments standardisés. Progressivement, dans les années 1920, la cuisine se déplace au rez-de-chaussée pour être en lien direct avec la salle à manger. La période est marquée par une recherche accrue visant à rationaliser l’espace et l’équipement pour alléger le travail de la ménagère et améliorer le confort de la vie familiale. Des logements sociaux sont équipés d’une cuisine-salle de bain, utilisant un seul réservoir d’eau chaude, tandis qu’apparaissent les premiers meubles fonctionnels.
La cuisine standardisée Cubex, présentée en 1930, annonce la cuisine équipée moderne. L’influence de la cuisine américaine, lumineuse et ouverte sur le séjour, marque les années 1960-1970. La libération progressive de la femme consacre s’accompagne de la présence toujours plus large de l’incontournable Frigidaire, marque américaine dont le succès commercial a fait un nom commun et générique par antonomase, avant de consacrer sa popularité par le diminutif « frigo » très souvent employé aujourd’hui. Le lave-vaisselle fait aussi son apparition dans les foyers outre-Atlantique puis débarque en Europe. Stimulée par la société de consommation, la cuisine se robotise, prend des couleurs et des rondeurs.
Cette décennie connait un plein boom du confort domestique, pour et dans lequel les appareils ménagers jouent un rôle actif et occupent une place croissante dans les cuisines des foyers européens. Celles-ci préfigurent la version contemporaine de cette pièce de vie, dont la conceptualisation et le design s’affinent, employant des matériaux variés et des appareils plus sophistiqués, à mesure que la vie des résidents s’y concentre et leurs activités s’y diversifient, sortant du cadre des seules tâches culinaires et des moments de réunions prandiales. Aujourd’hui, avec les notions d’écologie, de recyclage, de répartition des tâches ménagères et sous l’influence des revues spécialisées, la cuisine a conquis son autonomie.
Si la cuisine est par définition la pièce de l’habitation où se préparent les repas, elle est aussi un lieu de vie qui, depuis un siècle, suscite l’intérêt des architectes, des designers, des sociologues, des industriels, des organisateurs de salons, des historiens et, bien entendu, des chefs et des amateurs. C’est cette histoire que raconte le livre La cuisine. Mode de vie, de l’ombre à la lumière, publié chez AAM Éditions, aussi maniable par ses dimensions (13 x 13 cm) que fort intéressant à lire et à feuilleter au long de ses 64 pages, en raison de son iconographie remarquable, composée de 80 schémas, photos et publicités de cuisines des différentes époques et de style variés, y compris futuristes. Emmanuel Collet, son auteur, est historien indépendant depuis 1985, concepteur et commissaire d’expositions et iconographe.
La cuisine. Mode de vie de l’ombre à la lumière. AAM Editions. 9,90€